LE SACRÉ

Rien ne va plus dans ce monde. On assiste à temps plein sur nos écrans aux histoires de meurtres, de guerres, de génocides et d’exploitation de toutes sortes. La violence et l’irrespect sont partout. Même la jeunesse s’est récemment armée et règle ses comptes en pleine rue ou à l’école avec dommages collatéraux. On se croirait dans le Caligula de Camus. Tout est devenu permis, dans un monde sans vérité. Avons-nous quelque part perdu le sens du «sacré» de la personne humaine? Il y a peu de temps, malgré toutes ses erreurs, c’est la religion qui s’occupait de nous rappeler que l’humain est « sacré » , c’est-à-dire que sa dimension absolue et divine devait être respectée et affirmée en toutes circonstances. Mais la religion dans sa dimension communautaire a trébuché et entraîné le sens du sacré dans sa chute. On a refermé les bibles où s’enracinait l’inviolabilité des hommes et des femmes de ce monde. Alors, seuls. À présent, ceux et celles qui ont une spiritualité individuelle sont capables d’entretenir la flamme du sacré. Car le sens de ce «sacré» implique l’affirmation d’une dimension divine et inviolable de l’humain. Cette dimension sacrée ne peut se découvrir qu’en soi et par soi à notre époque. Il ne reste désormais que le voyage intérieur pour manifester l’inviolabilité absolue de la personne humaine.

Avec la perte du sacré dans l’humain, tout l’espace est redonner à la dimension égoïste qui nous habite depuis toujours et qui se déploie mieux que jamais en nous: clivage des conditions sociales et économiques, tentatives de domination de toutes sortes, conflits et dictatures, irrespect tragique de  l’environnement et destruction de notre planète. Seule la découverte de la spiritualité individuelle nous fait déboucher sur le « Je » profond qui est Un et nous redonne le sens du communautaire, de la bienveillance et du respect total de l’Autre. C’est par la démarche spirituelle que toutes les divisions et toutes les dualités peuvent être surmontée et uniquement grâce à elle. Heureusement, avec le déclin des églises, la vie intérieure fleurit de plus en plus parmi nous. Certains parlent même d’une mutation des consciences. Tous ceux qui ont perdu leur religion d’antan et non pas retrouvé encore une spiritualité active personnelle, sont invités à s’y mettre au plus tôt pour sortir du pessimisme ambiant en ressuscitant le «sacré».