janvier 23

La Nuit Obscure

Non-classé

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   Pour tous les chercheurs de sens, l’ennemi c’est le doute. La fameuse « Nuit obscure » de Jean de La Croix sur le chemin  mystique. On dit qu’à l’approche de la mort, devant l’évidence de la fin, un dernier doute s’empare de l’âme. Et que c’est à ce moment précis que Ieshoua dit: « Père, pourquoi m’as-tu abandonné » ? Il est envahi soudain par une nuit opaque qui obscurcit le sens trouvé durant la vie. Ieshoua s’écrase, tremble, sue des gouttes de sang et se dit, en tant que vrai homme et rien de plus: « … et si après … il n’y avait plus rien, le grand vide, le néant! Dans cette obscurité si humaine, qui prouve bien que Ieshoua n’était qu’un humain comme les autres, toutes les vieilles démonstrations sont mises en miettes, tous les arguments du mental brisés, éclatés. Il ne reste semble-t-il que le coeur qui fait dire à Ieshoua: « Père, qu’il me soit fait selon ta volonté. » Même la plus grande nuit de l’esprit n’arrive pas à faire taire l’amour en lui pour ce Père avec lequel il fait un. D’ailleurs le doute n’est-il pas l’aiguillon constant de l’adhésion au sens? Pas de foi possible sans le doute. La tête n’échappera jamais au doute, mais le coeur, lui, voit la Lumière même dans la « nuit obscure » et l’amour lui fait franchir la vallée du désespoir.

Si l’on a fait l’expérience de l’Éveil au cours de sa vie et qu’on a vu la Lumière toute autre, alors tout est plus facile car il suffit de rappeler à la mémoire la joie d’alors, l’émerveillement vécu devant tout ce qui est. Au diable la rationalité, c’est l’amour, l’adhésion esthétique devant la beauté du monde qui efface alors le doute. L’émerveillement de l’âme et du coeur devant l’infini mystère de l’enfant qui naît avec ses milliards de neurones comme autant de galaxies sans qu’on aie rien fait d’autre que l’amour pour qu’il apparaisse. La beauté inouïe de l’orchidée et de la nature la plus humble dont l’esthétique est calquée sur le nombre d’or et les plus belles arabesques des mathématiques, voilà ce qui fait naître les plus grandes certitudes face au doute. Le coeur ne peut que battre la nuit de sa lumière s’il est en éveil. Une nouvelle conscience s’est ouverte en lui. Certains dont le coeur n’a jamais été ouvert viendront me dire que je suis naïf. Je leur répondrai qu’un jour ils ont fait taire leur sensibilité en devenant adulte et ont oublié  de lui redonner la parole dans la langue de la tendresse et de l’amour. Dans la langue de la conscience esthétique qui est, elle aussi, une forme sublime de l’amour du Beau, de l’amour tout court. Le mental est capable de tout voir sans s’émouvoir, en analysant et classant tout dans les oubliettes de l’étonnement. Bref, l’Éveil est une affaire d’amour et de tendresse et c’est cet Éveil qui détient la Lumière qui permet de voir au-delà de tous les doutes, de toutes les Nuits obscures. Étrangement, dans les expériences de EMI ou de Near Death Expérience, des dizaines de milliers de cas analysés selon la méthode scientifique, on rapporte que nul jugement de culpabilité  n’est vécu par ceux qui ont fait leur bout de voyage dans l’au-delà, mais que la seule question qui leur est posée c’est: « As-tu beaucoup aimé? »  Comme si l’amour était la seule réalité importante, celle qui dissout tous les doutes et ouvre la porte à la joie éternelle qui pointe comme une lumière fantastique au bout du grand tunnel de la Vie. Quant à moi, je sais que je répondrai: j'aime jusqu'au plus petit brin d'herbe de ce monde, jusqu'au dernier soupir de cette Vie que j'ai reçue et qui se poursuivra bien au-delà de la Nuit Obscure.


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Marcel Lefebvre

Publicitaire, scénariste, compositeur, réalisateur et metteur en scène, Marcel Lefebvre, aussi philosophe, est surtout connu comme parolier. Il a d'ailleurs reçu le prix Luc Plamondon en 2007. On lui doit certaines chansons les plus connues du Québec, "Chante-la ta chanson" brille au Panthéon des auteurs-compositeurs du Canada. Il a écrit également quatre romans historiques et plusieurs scénarios de films.

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