LE DIEU COSMIQUE EST UN DIEU QUI PLEURE
On dit souvent que le Dieu cosmique de Spinoza et de Einstein est un Dieu froid, impersonnel, mathématique, un Dieu qui structure l’univers sans se soucier des individus. Eh bien, moi, je prétends le contraire. Le Dieu cosmique s’est incarné dans le monde pour que la Conscience puisse se faire Coeur, pour que la Présence puisse se faire amour et compassion. C’est dans la chair que la transmutation s’opère et que la conscience devient empathie, tendresse et émotion. C’est dans notre corps et par lui que notre conscience se fait amoureuse. Vous avez sûrement remarqué que ça serre dans le ventre quand l’émotion se lève en regardant un bon film. Ça serre autour du muscle cardiaque au point de nous conduire jusqu’au larmes ou bien ça se libère dans la poitrine jusqu’à faire éclater la joie dans nos rires sonores. Chez l’enfant, le coeur est pur comme le cristal car il n’a pas appris à se réserver. Voilà pourquoi son rire est si beau: il a le son clair de la vérité, de l’être transparent.
C’est parce que la Conscience s’est incarnée dans un corps que sont rendus possibles l’émotion, le sentiment, la compassion, la tendresse, le désir, le plaisir et la joie. L’union de la Conscience et de la chair fait que la Présence devient ce qu’on appelle le Coeur: la conscience peut, parce qu’elle est dans le corps, vibrer à la beauté, à la souffrance, rire et pleurer en étant secouer de spasmes, rendu capable d’empathie, de tendresse et d’amour en plongeant dans le regard de l’enfant, dans les yeux de celui ou celle qu’elle aime.
Dieu s’est fait Cosmos, s’est incarné est devenu un Coeur dans l’homme. C’est ce Coeur qui rend la Conscience sensible, compatissante, joyeuse ou triste. Le Dieu cosmique est un Dieu qui pleure et qui parle sans cesse à l’être humain individuel en lui laissant savoir, par le remord ou la sérénité, où se trouve le mal et le bien. À cause du Dieu cosmique, la conscience humaine n’existe pas séparée, elle est unie à un corps. Et c’est par les sens que la Présence en nous peut vibrer à la bonté, à la beauté qu’elle soit musique ou toute autre forme esthétique ou naturelle. Qu’est-ce que nous appelons le coeur? N’est ce pas l’ensemble de tous ces moment où notre conscience se vit dans l’union au corps: heures de désir physique qui nous rend fiévreux soumet nos corps jusqu’à l’extase, moment du rire qui provoque des spasmes, minutes de peine qui nous fait jaillir des larmes, moment de splendeur naturelle ou esthétique qui nous fait lever le poil sur les bras, nous fait frissonner en écoutant Mozart ou Satie, et enfin, moment d’empathie, de compassion qui nous fait vivre l’unisson avec le coeur sensible de l’autre, ses pleurs ou ses joies appelant les nôtres et nous faisant savoir que nos coeurs n’en forment qu’un seul. Bref, ce que nous appelons le Coeur est ce centre de l’être humain à la croisée verticale et horizontale de la Conscience et du Corps. Le Dieu cosmiques donc loin d’être un Dieu froid, un Principe lointain sans rapport avec les individus. En s’incarnant dans son univers et en se faisant chair, le Dieu cosmique s’est fait Coeur humain. Il s’est installé au Centre même de toute personne humaine, à la croisée du spirituel et du corporel, et a rendu possible la Compassion, la Tendresse et l’Amour. Le Dieu cosmique a fait le monde par et pour l’Amour.