Jiddu Krishnamurti
« … J’ai eu une première expérience très extraordinaire. Je voyais un homme réparer la route; cet homme, c’était moi; le maillet qu’il tenait c’était moi; la pierre qu’il cassait était une partie de moi; le brin d’herbe tendre était mon être même, et l’arbre à côté de l’homme c’était moi…Je pouvais presque penser et sentir comme le cantonnier; je pouvais sentir le vent passer à travers l’arbre et la petite fourmi sur le brin d’herbe. Les oiseaux, la poussière, le bruit même, faisaient partie de moi. Juste à ce moment, une auto passa non loin de là; j ‘étais le conducteur, le moteur, les pneus. Tandis que la voiture s’éloignait, je m’éloignais aussi de moi-même. Je me confondais avec toutes chose, ou plutôt chaque chose se confondait avec moi, inanimée ou animée, la montagne, le vers, et tout ce qui respire. Tout au long de la journée je suis resté dans cet état. Je ne pouvais rien manger, et vers six heures, j’ai commencé à me retirer de mon corps physique…
(J. Krishnamurti dans Mary Luytens, Krishnamurti. Les années de l’éveil, Ariane 1982)
[divider style= »split »]